Alain Resnais réalise des documentaires jusqu’à ce qu’on lui demande d’en faire un sur le cataclysme Hiroshima. Devant l’impossibilité de rendre compte de la catastrophe, il décide d’envisager la fiction et s’en remet, pour rédiger un scénario, à Marguerite Duras. Film « table rase » selon Robert Benayoun, Hiroshima mon amour bouleverse totalement les codes esthétiques du cinéma des années 50. Projeté sur les écrans en mai 1959, au cours du même Festival de Cannes qui récompense François Truffaut pour ses 400 coups, Hiroshima frappe les esprits mais divise aussi le public. Personne ne reste indifférent devant cet ovni cinématographique à la puissance évocatrice si forte. Ce film marque une étape déterminante de la trajectoire de Resnais qui passe définitivement au long métrage, à la fiction et s’inscrit comme une figure incontournable de la modernité cinématographique.
Mon Oncle d’amérique sort quant à lui sur les écrans en 1980. Il marque une nouvelle inflexion de l’oeuvre de Resnais. On commence d’abord à voir apparaître des figures qui deviendront récurrentes dans ses films (Pierre Arditi notamment). Puis la construction, tout en restant complexe, laisse plus clairement défiler l’histoire, nouer les destins de Jean le Gall, Janine Garnier et René Ragueneau. L’action, située entre Paris, la Bretagne (dont Resnais est originaire) et le Nord de la France repose sur une démarche scénaristique extrêmement originale : il s’agit pour Resnais de fonder son histoire sur les théories scientifiques du Professeur Henri Laborit qui étudie les comportements humains.
A défaut de faire des films cérébraux, ce qu’on lui reproche trop souvent, Resnais, fait des films sur le cerveau, nous plonge dans la conscience des personnages et nous donne à voir, projetées sur l’écran, la fragilité des pensées humaines et la précarité des destins.