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Lycée Guez de Balzac, Place Beaulieu 16 000 Angoulême

Jean-Gabriel Périot est intervenu hier devant les étudiants de la prépa. Il a pu les faire entrer dans son oeuvre avant qu’ils ne découvrent, en salle, son long métrage Une Jeunesse allemande.

Le réalisateur a ainsi pu révéler aux étudiants le pouvoir fascinant des images, qui disent ce que les mots ne parviennent pas à conceptualiser. 
Ce mystère de l’image, qu’il trouve notamment dans l’archive, il l’a mis sous les yeux des étudiants en passant par les réflexions d’Aby Warburg, de Georges Didi-Hubermann ou encore de Jean-Luc Godard. Il a ainsi pu expliquer l’importance du travail de montage, qu’il conçoit comme un acte politique dans le sens où, ne voulant pas tromper le spectateur, il ne masque pas les multiples opérations auxquelles il soumet les archives (ralentis, accélérés, recadrages etc.). Le document révèle ainsi sa plasticité, devient matériau artistique, en même temps que le réalisateur met en évidence la subjectivité de son regard. Il met en scène la mémoire et, en le faisant ostensiblement, il construit un cinéma profondément éthique : parce qu’il rend leur dignité aux ombres imprimées sur la pellicule, souvent victimes de la violence aveugle, et parce qu’il croit dans l’intelligence du spectateur.

Ces « images survivantes« , qui viennent de temps souvent sombres, sont donc à lire au présent et le destinataire ne peut être insensible aux champs dialectiques ainsi établis avec le passé, d’abord, mais aussi avec l’homme qui a monté ces images et qui nous demande de réagir. Dans le cinéma de Jean-Gabriel Périot, en tout cas dans les deux courts-métrages qu’il nous a présentés, le montage intervient comme une écriture qui crée du lien entre le passé et le présent, entre les hommes en souffrance et le spectateur qui les regarde.
Son interprétation de la mémoire, Jean-Gabriel Périot nous a bien expliqué qu’elle était surtout introspective, mais son témoignage sur le passé force également l’introspection du spectateur. En questionnant l’image il en révèle la puissance figurative mais il nous apprend aussi à conserver une distance critique vis-à-vis de l’usage que l’on peut en faire. En un sens, il sollicite notre vigilance, en nous rappelant que toute mise en discours de l’image doit être interrogée, pour que les personnages qu’elle nous présente ne soient pas simplement de rassurantes silhouettes de temps barbares dont nous sommes définitivement coupés, mais bien « des fantômes pour adultes » destinés à nous hanter pour mieux nous grandir. 
La présentation de deux de ses propres courts-métrages, Eût-elle été criminelle et Nijuman no Borei (200 000 fantômes), et les échanges qui ont suivi ont été très marquants pour les étudiants.

Une conférence de deux heures passionnante, rendue possible, notamment, par nos collègues du CREADOC et les programmateurs du cinéma de la Cité, que nous remercions ici.

Post Author: prepalitt-GuezdeBalzac-16

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